Après son exploit de 2016, Frédéric Sausset a lancé la Filière FS en 2018 dans le but qu’un équipage composé de pilotes handicapés, dispute les 24 Heures du Mans 2020. L’échéance approche à grands pas et nous avons fait le point, trois mois après la participation de la Filière à Road To Le Mans.
La Filière engage une Ligier JS P3 cette saison, en Ultimate Cup Series, pour ses trois pilotes, Snoussi Ben Moussa, Nigel Bailly et Takuma Aoki. Depuis leur première course en VdeV Endurance Series, la progression de l’équipe et surtout des trois pilotes est considérable. D’ailleurs, les pilotes de la Ligier JS P3 #84 sont montés, pour la première fois, sur le podium dans la catégorie Ultimate, à Valence, fin septembre.
« C’était l’objectif que j’avais fixé à l’équipe et aux pilotes, nous a confié Fred Sausset. Il fallait que nous repartions avec un podium et je pense que la deuxième place était à notre portée. Nous n’avons connu aucun problème, c’est un circuit technique que les pilotes ne connaissaient pas et donc je suis satisfait de leur prestation. Ce fut un bon week-end de course. »
© Daniel LenoirUne victoire en ligne de mire désormais ?
« La victoire n’est pas le principal objectif car Eric Trouillet et Luis Sanjuan sont inatteignables dans notre catégorie. Nous échouons non loin de la deuxième place et cela aurait eu une saveur de victoire. Cette deuxième position peut constituer l’objectif des deux dernières courses. »
Parlons maintenant des 24 Heures du Mans 2020. Quelle est la situation, trois mois après la conférence de presse qui s’est tenue au Mans, en juin dernier ?
« Le projet se poursuit. Je suis en discussion avec les partenaires ainsi qu’avec des équipes, qui ont de l’expérience en ELMS et aux 24 Heures du Mans, pour l’année prochaine. L’ACO et la FIA veulent que nous nous appuyions sur une équipe expérimentée. Du point de vue technique, les instances dirigeantes nous demandent plusieurs choses mais nous n’avons pas de cahier des charges défini. C’est un peu délicat de travailler dans ces conditions mais je ne baisserai pas les bras. »
Quel est le pourcentage de chance de vous voir au Mans l’an prochain ?
« Je dirai 80%. Les 20% restants concernent la technique, y compris l’homologation. La balle n’est plus dans mon camp de ce point de vue là … Les semaines sont très chargées d’autant que j’ai toujours mon entreprise à gérer. 2020 sera une grosse année et qui fera sans doute parler de nous. Un équipage handi est inédit et ce sera l’aboutissement du projet de la Filière qui a débuté en 2018. Beaucoup de personnes nous suivent et nous soutiennent et j’espère que cela va aller au bout. Les encouragements font plaisir et chaud au cœur. »
© Pascal AunaiQuel avenir pour la Filière ?
« J’ai quelques demandes pour refaire une cession avec de nouveaux pilotes, pour le même programme. Tout dépendra de si le projet aboutit. D’un point de vue général, il y a une volonté que cela se fasse mais comme pour tout, lorsque c’est l’inconnu, chacun ouvre son parapluie … On travaille beaucoup pour y arriver, je suis confiant et j’espère que le travail sera récompensé. La voiture actuelle est homologuée donc on peut très bien transférer l’équipement dans une LMP3 2020. Il n’y aura pas de programme en LMP3 l’année prochaine puisqu’on se concentrera sur le programme LMP2. S’il y a un redémarrage de la Filière, il se fera en 2021. »
Le travail a-t-il commencé sur la LMP2 ?
« Non. L’équipement en lui-même, on le connait et sera différent de celui de la LMP3. Le travail, en termes de chiffrage de l’aménagement, a été fait et nous sommes à un stade très avancé. Dès que le top départ sera donné, je pense que nous serons en mesure de faire des essais privés en début d’année, avant les essais officiels à Barcelone. »
Il faudra encore attendre avant de connaitre le constructeur choisi pour ce projet d’autant qu’il y a encore du pain sur la planche …
« Il y a à la fois les techniciens de l’ACO, de la FIA et ceux du constructeur qui doivent la valider certains aspects. De mon côté, je dois aussi valider les budgets et cela se traduit par de âpres discussions entre tous les acteurs. Je pense que d’ici un bon mois, nous serons fixés sur ce qui nous ait demandé et donc avoir un cahier des charges ferme et définitif. »
Le but est d’engager l’équipage dans la catégorie LMP2, au même titre que n’importe quel équipage. Toutefois, ce n’est pas chose faite.
« Nous ne savons pas encore. Si les exigences en termes de transformation sont trop élevées, tant pis, j’accepterais le Garage 56 puisque le but est de disputer les 24 Heures du Mans. Ce ne sera pas une déception mais je l’ai fait en Garage 56, j’aimerais désormais qu’on puisse courir dans la même catégorie que les autres équipages. »
En dehors de ses activités professionnelles et sportives, Frédéric consacre de son temps au profit des enfants malades. Ainsi, en partenariat avec l’ACO, il leur permettra de vivre une journée incroyable au Mans le 13 novembre prochain.
« Il s’agit de leur apporter un rayon de soleil le temps d’une journée en leur faisant découvrir le sport automobile, à travers des baptêmes avec des pilotes et des personnalités. Les fonds récoltés seront reversés au Centre de l’Arche et j’ai voulu qu’ils soient dédiés à l’aménagement de chambres pour les parents des enfants hospitalisés, afin qu’ils soient sur place. C’est un engagement qui me tient à cœur. »
Florian DEFET
Source : https://endurance24.fr/frederic-sausset-la-filiere-fs-jaimerais-quon-puisse-courir-dans-la-meme-categorie-que-les-autres-au-mans/