Nigel Bailly est l’un des trois pilotes de la Filière Frédéric Sausset depuis son lancement au début de l’année 2018. Paraplégique à la suite d’un accident de motocross à l’âge de 14 ans, il n’a pas abandonné sa passion des sports mécaniques et concourt au volant d’une Ligier JS P3 pour la deuxième année consécutive.
Le pilote belge nous a accordé une entrevue le week-end dernier à Dijon, lors de la deuxième manche de l’Ultimate Cup Series. Tout comme ses coéquipiers Snoussi Ben Moussa et Takuma Aoki, Nigel Bailly a connu une très belle progression au fil des courses …
« Si on compare entre Estoril fin 2018 et Estoril en début de saison, j’ai clairement évolué, » nous a-t-il confié. « J’ai gagné près de 2,5 secondes au tour. Il y a encore énormément de travail avec beaucoup de choses à mettre en place. Nous sommes encore loin des meilleurs de la catégorie mais nous savions dès le départ que cela ne serait pas évident pour aucun de nous trois. On tente de faire notre maximum. Par exemple ce samedi, nous avons réussi à garder la voiture sur la piste et le mot d’ordre était de terminer la course. »
Comment vous êtes-vous préparé cet hiver ?
« Par rapport à l’an dernier où l’annonce a été faite tardivement et je n’avais donc pas eu l’occasion de me préparer, je suis passé à 5 heures de préparation par semaine pendant l’intersaison. Je suis suivi par un médecin sportif, un préparateur physique ainsi que des kinés et je commence à en ressentir les effets positifs. Le but est d’arriver au Mans en étant affuté, et même avant. J’ai fini mon relais d’une heure sans avoir transpiré et j’aurais pu repartir facilement pour une bonne heure. Il y a aussi eu des évolutions sur la voiture, notamment au niveau du freinage, on comprend un peu mieux la voiture et on dépense ainsi moins d’énergie. »
Quels sont vos objectifs pour cette saison ?
« Les objectifs de l’équipe sont d’évoluer avec la voiture et la technique, d’obtenir une cohésion parfaite entre l’équipe et les pilotes, et de terminer les courses en ne faisant plus d’erreur. On s’y attèle, on essaye de former un trio homogène afin que nos chronos soient réguliers. Nous évoluons étape par étape vers des choses positives. La saison dernière était une découverte, cette année on essaye de confirmer. »
Le prototype a été adapté pour répondre au handicap de chacun.
« Pour Snoussi, le pédalier est fonctionnel et les commandes au volant sont les mêmes pour monter et descendre les rapports, ainsi que les différents boutons. Pour Takuma et moi, l’accélérateur se trouve devant le volant en forme de U et nous avons un frein mécanique, une poignée qui est repiquée sur la pédale. Ce n’est pas toujours très simple de tout combiner surtout dans conditions comme ce week-end. Ne pas sentir tous les mouvements de caisse, c’est assez difficile d’avoir une réaction de la voiture. »
Les trois hommes s’entendent très bien …
« On se tire tous les trois vers le haut. On essaye de se loger au même endroit, de manger ensemble et quand on discute, on revient toujours sur ce qu’on aurait pu mieux faire. On n’est jamais satisfait finalement mais je pense que les lois du handicap nous freinent à aller plus loin. »
L’objectif initial de la filière, les 24 Heures du Mans 2020, se rapproche à grand pas mais il a d’autres projets en tête.
« Objectif 24 Heures du Mans 2020, plus que jamais, avec la Filière et mes deux coéquipiers. Confirmer cette année et évoluer positivement. D’autres projets me tiennent à cœur comme les Total 24 Heures de Spa. Advienne que pourra. Je suis un inconditionnel des Etats-Unis alors j’aimerais forcément faire quelques piges là-bas en Endurance. Nous allons prendre les choses au fur et à mesure. Place à l’Ultimate Cup Series cette année, l’ELMS l’an prochain avec les 24 Heures du Mans et nous verrons pour la suite. J’ai d’autres projets en tête et j’entends bien les concrétiser. »
Florian DEFET